Soudan : cinq morts dans l’attaque d’un convoi humanitaire

Une attaque menée lundi contre un convoi humanitaire transportant de la nourriture destinée à la ville assiégée d’El-Facher, dans l’ouest du Soudan, a fait cinq morts et plusieurs blessés, a annoncé mardi l’ONU.
Plusieurs des quinze camions qui transportaient de l’aide destinée à des familles touchées par la famine ont été incendiés pendant cette attaque survenue près de Koma, au Darfour-Nord, selon un communiqué du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’UNICEF.
Le convoi comprenant des camions des deux agences de l’ONU attendait une autorisation pour achever son trajet jusqu’à El-Facher après avoir parcouru plus de 1800 kilomètres depuis Port-Soudan.
Son itinéraire « avait été communiqué à l’avance » aux différentes parties, selon la même source qui n’a pas identifié les attaquants.
« Les deux agences exigent l’arrêt immédiat des attaques contre le personnel humanitaire, leurs installations et véhicules », poursuit le texte en dénonçant « l’impunité » de ceux qui s’en prennent aux civils et aux acteurs humanitaires.
Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a dénoncé mardi « un acte de violence épouvantable contre le personnel humanitaire » et « des violations du droit humanitaire international ».
« Nous appelons à une enquête urgente et à ce que les auteurs soient tenus responsables », a déclaré Stéphane Dujarric.
« Bombardements répétés »
Le Soudan est en proie depuis avril 2023 à une lutte pour le pouvoir entre le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis le coup d’État de 2021, et son ancien adjoint, Mohamed Hamdane Daglo, chef des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
Les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir mené l’attaque de Koma. Les FSR affirment que « le convoi a été délibérément visé par l’armée », tandis que le gouvernement, qui soutient l’armée régulière, accuse les paramilitaires de l’avoir attaqué « à l’aide de drones ».
Jeudi dernier, le PAM avait annoncé que son centre d’El-Facher, une ville assiégée par les paramilitaires depuis mai 2024, avait été « endommagé par les bombardements répétés » des FSR.
Koma, située à environ 80 kilomètres d’El-Facher, se trouve dans une zone stratégique du Darfour, théâtre d’intenses affrontements ces dernières semaines.
Après avoir perdu la capitale Khartoum en mars, les FSR ont redirigé leurs offensives vers l’ouest du pays où ils tentent de s’emparer d’El-Facher, la dernière capitale provinciale échappant encore à leur emprise.
Trois camps de déplacés autour de la ville ont été déclarés en état de famine par l’ONU. Cinq autres zones, dont El-Facher, risquent d’y basculer selon l’ONU.
La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 13 millions de personnes et plongé le pays en partie dans la famine.
Quatre millions de personnes ont fui le pays depuis le début de la guerre, a indiqué Eujin Byun, porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), mardi à Genève. Parmi elles, 1,5 million ont fui vers l’Égypte, plus de 1,1 million vers le Soudan du Sud – dont près de 800 000 Soudanais du sud qui étaient réfugiés au Soudan – et plus de 850 000 vers le Tchad.
« Il s’agit d’un jalon dévastateur dans la plus grave crise de déplacement de population au monde », a déclaré M. Byun.
En un peu plus d’un mois, 68 556 réfugiés sont arrivés dans les provinces tchadiennes de Wadi Fira et de l’Ennedi Est, avec une moyenne de 1400 personnes traversant la frontière quotidiennement ces derniers jours, a-t-il précisé.
Les deux belligérants sont accusés à l’international de viser des civils, bombarder aveuglément des zones habitées et faire obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire.
Dimanche, les FSR ont accusé l’Égypte d’avoir fourni des armes à l’armée soudanaise, utilisées ensuite pour bombarder des civils notamment au Darfour, à Khartoum, Al-Jazira, Koma et Nyala.
Déjà en octobre, le général Daglo avait publiquement mis en cause Le Caire, qui avait rejeté ces allégations.
Les autorités soudanaises, de leur côté, accusent les Émirats arabes unis d’armer les FSR, ce qu’Abou Dabi a toujours nié.