Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara, 83 ans, évoque la menace terroriste pour justifier sa candidature

À la tête de la Côte d’Ivoire depuis 2011, âgé de 83 ans, Alassane Ouattara a officiellement annoncé, ce mardi 29 juillet, sa candidature à l’élection présidentielle prévue pour le 25 octobre 2025, lors d’une adresse à la nation.
S’il avait auparavant exprimé son intention de passer le flambeau à une nouvelle génération, le chef de l’État justifie aujourd’hui sa décision par les menaces sécuritaires croissantes qui pèsent sur le pays et la sous-région.
« Oui, je suis candidat parce que la Constitution de notre pays m’autorise à faire un autre mandat et ma santé me le permet », a-t-il déclaré, avant d’ajouter :
« Notre pays fait face à des défis sécuritaires, économiques et monétaires sans précédent, dont la gestion exige de l’expérience. »
Au cœur de ses préoccupations figure la montée du terrorisme dans la sous-région ouest-africaine. Le président a souligné que la menace ne cesse de croître aux frontières de la Côte d’Ivoire, rendant indispensable, selon lui, la continuité de l’action gouvernementale.
« La menace terroriste grandit dans la sous-région et les incertitudes économiques au niveau international constituent un risque pour notre pays. C’est une réalité que personne ne peut nier. C’est une réalité que je ne peux ignorer », a-t-il insisté.
Une opposition vent debout
La réaction de l’opposition ne s’est pas fait attendre. Pascal Affi N’Guessan, président du Front Populaire Ivoirien (FPI), a vivement dénoncé une justification « fallacieuse » de la candidature d’Alassane Ouattara.
« Alassane Ouattara choisit la petite porte. Une 4ᵉ candidature aussi illégale que la 3ᵉ. Des arguments fallacieux. Il n’est pas la solution mais le problème. La Côte d’Ivoire a soif d’alternance. L’opposition unie le battra dans les urnes. Je suis prêt. Je relèverai le défi », a-t-il affirmé.
Cette annonce intervient dans un contexte régional marqué par l’instabilité, les coups d’État militaires et les tensions sécuritaires dans plusieurs pays voisins. En se représentant, Alassane Ouattara affirme vouloir préserver les acquis en matière de paix, de stabilité et de développement en Côte d’Ivoire. Il promet que ce nouveau mandat, s’il est élu, sera celui de la « transmission générationnelle », avec la mise en place d’une nouvelle équipe pour assurer la relève.
L’élection présidentielle du 25 octobre 2025 s’annonce ainsi comme un tournant pour le pays, entre la volonté de continuité incarnée par le président sortant et les aspirations à l’alternance exprimées par une partie de la population.
Ce n’est pas la première fois qu’Alassane Ouattara évoque la nécessité de transmettre le pouvoir à une nouvelle génération. En mars 2020, à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre de la même année, il avait surpris l’opinion publique en annonçant qu’il ne se représenterait pas, affirmant vouloir « donner l’exemple » et « laisser la place à une nouvelle génération de leaders ». Une déclaration largement saluée comme un geste en faveur de l’alternance démocratique.
Mais après le décès soudain de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, en juillet 2020, Alassane Ouattara était revenu sur sa décision. Il avait finalement brigué un troisième mandat, invoquant des circonstances exceptionnelles et la nécessité de préserver la stabilité du pays.
Sa décision avait provoqué de vives critiques de l’opposition et ravivé les tensions politiques, bien que le Conseil constitutionnel ait validé sa candidature, estimant que la nouvelle Constitution de 2016 remettait les compteurs à zéro.
[Le Gouverneur]