Démantèlement du plus grand squat d’Ile-de-France pour laisser place au village olympique

Le plus grand squat d’Ile-de-France, appelé « Unibéton », a été démantelé mercredi matin par les forces de l’ordre. Environ 400 personnes, principalement originaires du Tchad et du Soudan, ont été expulsées du lieu, occupé depuis avril 2020. La zone doit à terme accueillir le village olympique pour les Jeux de Paris 2024.

Dès 6h du matin mercredi 26 avril, une centaine de forces de l’ordre a été déployée sur L’Ile-Saint-Denis, dans le département de Seine-Saint-Denis, pour procéder au démantèlement du plus grand squat de la région parisienne. Le lieu doit accueillir le village des athlètes lors des Jeux Olympiques (JO) de l’an prochain à Paris, selon l’association Utopia 56.

Pour la préfecture de Seine-Saint-Denis, contactée par InfoMigrants, cette évacuation fait surtout « suite à une décision de justice du 30 octobre 2020 ». Même si pendant trois ans, les exilés n’ont jamais été inquiétés par la police.

La préfecture assure que le site « impropre à l’habitation, présentait des risques pour les occupants » : en mars dernier, un Soudanais de 28 ans avait été transporté aux urgences après une chute de sept mètres. « Ces constats ont participé à la décision d’évacuation […] afin de mettre en sécurité les lieux et les personnes s’y trouvant », précisent les services de l’État.

L’ancien bâtiment désaffecté, qui abritait dans les années 90 le siège social de l’entreprise Unibéton, hébergeait au moins 500 personnes, majoritairement originaires du Tchad et du Soudan.

L’opération d’évacuation s’est déroulée dans le calme selon des associations jointes par InfoMigrants, présentes sur les lieux mercredi matin.

« Des centaines de sans-papiers ont quitté les lieux » la veille de l’évacuation »

Pendant plus de quatre heures, environ 400 migrants ont été pris en charge par les autorités, indique la préfecture de Seine-Saint-Denis.

Les exilés ont été divisés en deux groupes : les personnes possédant un justificatif de travail ont été orientées dans des centres ou des gymnases d’Ile-de-France, les autres vers un centre à Toulouse, dans le sud de la France.

« Par peur de la police, une centaine de sans-papiers ont quitté les lieux mardi soir à l’annonce de l’évacuation », explique à InfoMigrants Paul Alauzy, responsable des maraudes à Médecins du Monde (MdM).

La veille, des militants ont aussi opéré des rotations avec des camions pour mettre à l’abri les effets personnels des habitants, avant le démantèlement.

Ouvert depuis 3 ans, les migrants avaient élu domicile dans le bâtiment pour éviter de dormir sous les ponts de la capitale. Certains sont sans-papiers, d’autres travaillent légalement et d’autres encore possèdent le statut de réfugié.

C’est le cas de Faris, un Tchadien de 32 ans qui vivait dans le squat depuis son ouverture. Le jeune homme a obtenu le statut de réfugié en 2016 mais n’a jamais réussi à trouver un hébergement. « Je demande un logement social mais il n’y a pas de place alors je n’avais pas d’autres solutions », assure à Infomigrants le jeune homme, qui travaille comme interprète auprès des associations.

Retour à la rue

Cette évacuation était attendue. Le 14 avril, un rassemblement avait été organisé devant la préfecture de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour protester contre ce démantèlement.

« Du jour au lendemain, on vire ces personnes. C’est dur à vivre pour eux », note Paul Alauzy. « Le lieu était surpeuplé, la structure vétuste mais ça restait une meilleure alternative sur le plan sanitaire et pour leur dignité que la vie dans la rue ».

Les humanitaires craignent de retrouver les personnes évacuées sur les trottoirs parisiens dans les prochains jours.

En fin de matinée ce mercredi, plusieurs migrants avaient déjà quitté les hébergements d’urgence. « Ils partent d’eux-mêmes car ils savent qu’il n’y aura pas de places pour eux [dans des structures pérennes]. Les sans-papiers se voient toujours refuser d’y rester en raison de leur situation administrative », signale Faris, devenu le référent du squat.

Retour à la rue, donc, pour ces personnes en situation irrégulière en France qui devront désormais trouver des abris la nuit, loin des radars de la police.

Depuis le mois de décembre, à Paris, les autorités démantèlent systématiquement – et sans solution de relogement – les campements de migrants, quelle que soit leur taille. Chaque nuit, des étrangers se font réveiller par les policiers, avec ordre de quitter les lieux. Les exilés se cachent de plus en plus pour éviter de se faire confisquer leur tente ou leurs couvertures.

« Le but, à l’approche des JO, est de faire disparaître tout le monde des rues de Paris. Aucune solution pérenne ne leur est proposée« , souffle Paul Alauzy, le responsable de MdM.

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