Festivals ivoiriens / Alexandre Drama : « Les organisateurs doivent persévérer et investir dans la formation et régulariser leurs activités

Dans le cadre de la neuvième édition de l’Adayé Kessiè Festival, en cours dans la région du Gontougo, l’équipe de reportage de Nouvelles du Continent a rencontré Alexandre Drama. Il est le président de la Fédération des festivals de Côte d’Ivoire et Commissaire général du Djaka Festival.
Lors des échanges, il est revenu sur son rôle au sein de la fédération. Mettant l’accent sur la nécessité, pour les organisateurs, de professionnaliser les festivals ivoiriens.
Monsieur Drama, pouvez-vous nous expliquer votre présence ici au Festival de l’Adayé Kessiè ? Quel est votre rôle au sein de la Fédération des Festivals de Côte d’Ivoire, en matière de soutien aux événements culturels ?
En tant que président de la Fédération des Festivals de Côte d’Ivoire, ma présence ici est d’abord pour soutenir notre collègue, Ouattara Bini. En tant qu’organisateur du festival Adayé Kessiè. Ce soutien est crucial. Car notre fédération regroupe aujourd’hui 85 festivals à travers le pays. Nous avons pour mission de les encourager et de les accompagner dans leur organisation, afin de favoriser leur professionnalisation et structuration.
Vous parlez de professionnalisation. Concrètement, en quoi cela consiste-t-il, pour les festivals ivoiriens ?
Professionnaliser un festival, c’est instaurer des normes et des standards communs. Cela passe par un programme bien défini, le respect des horaires et la garantie d’une expérience de qualité pour le public. Trop souvent, certains événements sont considérés comme de simples activités de vacances. Alors qu’un festival reconnu par l’État doit être un rendez-vous annuel, organisé avec rigueur et des équipes bien formées. C’est pour cela que nous mettons en place un encadrement spécifique, afin que chaque festival puisse se structurer selon ces critères.
Quels sont les principaux défis auxquels les festivals font face dans notre pays, au regard de ces standards ?
Le principal défi est administratif. Beaucoup de festivals doivent régulariser leur situation auprès des autorités. Le ministère de la Culture a recensé plus de 400 festivals. Mais seuls quelques-uns remplissent les critères nécessaires, pour obtenir une reconnaissance officielle. Au sein de la fédération, nous avons environ 80 festivals bien structurés, comme le FEMUA ou le Popo Carnaval. Et nous travaillons avec les jeunes festivaliers, pour les inciter à tendre vers cette conformité.
Vous êtes également le Commissaire général du Djaka Festival. Comment cette expérience influence-t-elle votre travail au sein de la fédération ?
Le Djaka Festival que j’organise, depuis 2006, est aujourd’hui un exemple en matière de structuration et de pérennité. Cette expérience m’a permis de bâtir une vision claire de ce qu’un festival doit apporter à sa communauté et à la culture ivoirienne. Lorsque mes collègues ont vu les résultats obtenus avec le Djaka Festival, ils m’ont confié la présidence de la fédération, afin que je puisse partager cette expertise et aider les autres festivals à progresser.
Comment voyez-vous l’avenir des festivals en Côte d’Ivoire ?
Je suis résolument optimiste. Grâce à la fédération, les festivals ivoiriens gagnent en visibilité et en professionnalisme. Notre culture est riche et diversifiée et les festivals en sont la vitrine. Nous avons une jeunesse pleine de potentiel, prête à s’investir et à apprendre. La route est encore longue. Mais notre ambition est de faire de chaque festival une véritable plateforme culturelle, reconnue à l’échelle nationale et, pourquoi pas, internationale.
Monsieur le président, nous sommes au terme de cet entretien.
Quel est votre message à l’endroit des organisateurs ?
J’encourage tous les organisateurs à persévérer et à investir dans la formation et la régularisation de leurs activités.
La fédération est là pour les accompagner. Ensemble, nous avons le pouvoir de faire découvrir au monde la richesse de notre culture et de transformer les festivals ivoiriens en rendez-vous incontournables.
Propos recueillis par Narcisse Konan