Interview/ Dr Tchissem H. MASSISSOU, Promotrice du concept « Retour à nos racines » : « Le concept du retour à nos racines se résume à la sensibilisation sur les méfaits des perruques et défrisants »

Promotrice du concept « Retour à nos racines », Dr Tchissem H. MASSISSOU, Médecin-Epidémiologiste, Chirurgienne Humanitaire et Naturalista dans cette interview exclusive accordée à LDA, explique son combat pour le retour aux cheveux naturel.

LDA : Parlez-nous de ce concept qui fait le buzz sur les réseaux sociaux. Et quel est l’objectif visé?

Dr THM : Nappy veut dire crépu en Anglais et aussi simple que le nom l’indique, le concept Nappy a été formulé dans l’optique d’exprimer la beauté de nos cheveux naturels, nos cheveux africains. Il vient aussi d’une expérience personnelle car j’ai utilisé les mèches et défrisants au cours des années passées et un jour j’ai eu un moment d’éveil qui m’a ramenée à mes origines, d’où le nom de ma page Facebook « Retour à nos racines ».

LDA : Prôner ce concept, n’est-ce pas faire la guerre aux femmes qui portent les mèches ?

Dr THM : (Rires) Tout combat créé une tension. Je lutte pour les cheveux naturels depuis 10 ans et cela a toujours causé une tension dans mes amitiés d’une manière ou d’une autre. Dans ce parcours, j’ai aussi construit des forts liens d’amitié un peu partout dans le monde avec ceux qui partagent ma vision. Ce qui n’est pas souvent compris est que je ne combats pas des personnes en question mais les pratiques nuisibles à la femme noire et surtout Africaine. J’ai donc une vision globale qui ne vise pas les particularités. Le concept du retour à nos racines se résume à la sensibilisation sur les méfaits des perruques et défrisants que nous voyons fréquemment aujourd’hui avec des conséquences souvent irréversibles telles que l’alopécie. Les femmes qui se retrouvent dans ces situations demandent volontairement de l’aide et malheureusement il est souvent trop tard. Mon combat est donc de prévenir ces conséquences définitives.

LDA : Quel effet bénéfique sur la santé en retournant à nos racines ?

Dr THM : Il faut d’abord rappeler que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la santé comme étant « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité »  il faut donc un équilibre sain. Le retour au naturel déjà est une victoire. Vous imaginez l’angoisse d’une personne qui se chauffe le crâne sous une perruque toute la journée ? Vous imaginez la contrainte de défriser fréquemment les nouvelles pousses de cheveux pour harmoniser la texture de ses cheveux ? Vous imaginez la tension et les démangeaisons que les tissages induisent sur le cuir chevelu ? Toutes ces pratiques révèlent une souffrance qui n’est pas vue comme un problème de santé parce qu’elle ne porte pas encore le nom d’une maladie. On observe également des lésions dermatologiques que créent ces produits. Il faut aussi signaler que ces produits défrisants ont des ingrédients qui présentent une toxicité par inhalation.

 Sur le plan physique, les mèches rendent les cheveux secs par un mécanisme compétitif d’absorption ; c’est-à-dire qu’elles absorbent les produits que nous apportons à nos cheveux. Elles étouffent, affaiblissent et finalement arrachent les cheveux depuis les racines. Quant aux défrisants, ce sont des produits conçus pour altérer la structure de nos cheveux. Nos cheveux sont majoritairement faits des liaisons de protéines et ces produits cassent ces liaisons pour les rendre lisse et étirés. Ceci n’étant pas leur structure naturelle, crée un déséquilibre prononcé, c’est ainsi que s’installe la casse accrue que nous observons après le défrisage. Au niveau microscopique, il ne faut pas aussi oublier que la structure d’une protéine dicte sa fonction et si elle est altérée, sa fonction également change. Ce n’est donc pas une surprise que le retour au naturel restaure l’équilibre.

LDA : Quels sont vos projets futurs avec ce concept ?

Dr THM : J’ai longtemps évolué en fonction du degré de réception de mes cibles. Voilà dix ans que j’ai œuvré rien que pour introduire ce concept. J’avoue que c’est un dur travail qui est constamment contrecarré par tout un autre mouvement de résistance. Il y a certainement des projets en vue. J’avais initié en Septembre 2017, lors d’un passage au pays (Tchad), une rencontre avec les followers de ma page Facebook Retour à nos racines pour une prise de contact et mise en place d’une « communauté nappy ». J’ai laissé en place des ambassadeurs et ambassadrices qui œuvrent aussi pour les objectifs fixés. Nous comptons vivement développer cette initiative en collaboration avec les salons de beauté de la place, histoire de gagner le territoire et enfin ouvrir un salon répondant au besoin. Pour le reste, attendez les surprises.

Interview réalisée par Mohamed Compaoré

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