Les impacts socio-économiques de la réfection de « la côtière » sur la dynamique des activités portuaires à San-Pedro

La route occupe une place importante dans le transport des marchandises et des personnes. D’elle dépend la qualité et la rapidité dans l’acheminement des produits des zones de production vers les zones de grande consommation.

Cependant, l’état de dégradation avancée de la  » côtière », principale route qui relie Abidjan à la ville de San-Pedro ne favorise pas ne favorise pas l’acheminement rapide des marchandises entre les deux villes portuaires ivoiriennes. Le parcours de cette route longue d’environ 353 km qui nécessitait entre 4h et 5 h de temps se fait en moyenne en une journée entière depuis 10 ans. En raison de son état de dégradation avancée, cette voie est de moins en moins utilisée.

Les opérateurs économiques et les camionneurs préfèrent faire un long détour par Gagnoa (centre-ouest) pour se rendre à San-Pedro pour une distance de 510 km. Les camions mettent en moyenne 10 heures de temps pour parcourir cette distance. Ce long temps de transit s’avère pénalisant pour les usagers du port de San-Pedro d’autant plus qu’il peut entraîner des retards dans la livraison des marchandises.

Le déficit d’infrastructures routières constitue un obstacle à la fluidité du trafic portuaire. Cette situation représente un handicap pour le port de San Pedro, dans ce secteur portuaire, fortement concurrentiel. Les opérateurs économiques pour maximiser leur profit privilégient les ports concurrents (Abidjan, Conakry, Dakar, etc.) pour l’acheminement de leurs marchandises, car ils présentent une meilleure desserte terrestre. Le port de San-Pedro, malgré sa proximité avec la ville de Bamako (963 km) (figure), est moins sollicité par les opérateurs maliens. Pour preuve, les statistiques portuaires révèlent qu’en 2019, le trafic de transit de marchandises du Mali au port de San -Pedro s’élève à 172 088 tonnes contre 790 176 tonnes au port d’Abidjan. Ces statistiques démontrent l’influence défavorable de la dégradation de la côtière sur le trafic portuaire à San-Pedro.

Figure : hinterland du port de San-Pedro

Fortement dégradée et impraticable pendant plus de dix ans, l’État de Côte d’Ivoire a décidé de réhabiliter la côtière pour relier les deux ports ivoiriens. Lancés en septembre 2021, les travaux de réfection ont été répartis en trois sections. Il s’agit du tronçon Songon-Dabou-Grand-Lahou (93 Km) ; l’axe Grand-Lahou-Fresco (80 Km) et le tronçon Fresco-Sassandra-San Pedro-Grand-Béréby (180,5 Km). L’achèvement des travaux de réhabilitation de la côtière va permettre de réduire le coût et le temps de trajet entre le port d’Abidjan et celui de San-Pedro. Ceci va également renforcer l’attractivité du Port de San-Pedro en permettant à cette infrastructure économique d’enregistrer des tonnages de marchandises plus grands. Les aménagements projetés par l’État de Côte d’Ivoire devraient permettre au port de San- Pedro de mieux assurer son rôle de développement et d’instrument d’aménagement du territoire.

Dr Atsé Willy OGOU

Géographe maritimiste

Consultant maritime et portuaire

ogouatse14@gmail.com

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