Le Mali a annoncé le dimanche dernier la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Ukraine après que Bamako a affirmé qu’un haut responsable ukrainien aurait reconnu « l’implication» de Kiev dans une sévère défaite de l’armée malienne et du groupe paramilitaire russe Wagner fin juillet, lors d’affrontements avec des séparatistes et des djihadistes.
Le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maïga, a déclaré que le gouvernement de transition avait pris la décision de rompre « avec effet immédiat » ses relations diplomatiques avec l’Ukraine. En effet, le gouvernement de Transition de la République du Mali condamne fermement l’agression ukrainienne et dénonce l’hostilité des autorités de Kiev, qui va à l’encontre de la neutralité adoptée par le Mali, pays qui a toujours prôné une résolution pacifique du conflit entre la Russie et l’Ukraine.
De plus, le Gouvernement de Transition du Mali partage pleinement l’analyse de la Fédération de Russie, qui depuis des années, met en garde le monde contre la nature néonazie et malveillante des autorités ukrainiennes, désormais alliées du terrorisme international, en dépit des aspirations de paix et de stabilité du peuple ukrainien.
Par ailleurs, le Mali appelle la Communauté internationale à prendre ses responsabilités face à la décision délibérée de l’Ukraine de soutenir le terrorisme, à un moment où la nécessité de combattre ce fléau fait consensus mondialement. Aussi, le Mali exhorte particulièrement les États et les peuples africains épris de paix à dénoncer ces actions subversives qui menacent la stabilité du continent africain.
Les tensions entre le Mali et l’Ukraine se sont exacerbées suite aux allégations d’implication ukrainienne dans les récents conflits au nord du Mali. Selon des sources ukrainiennes, Kiev aurait fourni des renseignements cruciaux aux rebelles touaregs et aux groupes jihadistes, notamment lors des affrontements de juillet 2024 près de Tinzaouatène. Ces informations auraient permis aux insurgés de mener des opérations militaires efficaces contre les forces maliennes et les mercenaires russes du groupe Wagner.
Le porte-parole du service de renseignement militaire ukrainien, Andrii Yusov, a confirmé que les rebelles avaient reçu « les informations nécessaires » pour conduire ces opérations. Cette ingérence présumée a été perçue comme une menace directe à la souveraineté et à la sécurité nationale du Mali, conduisant à la décision radicale de rompre les relations diplomatiques.
Réactions Sénégalaises Face à la Rupture Diplomatique du Mali avec l’Ukraine
Le Sénégal, pays voisin du Mali, a réagi fermement aux allégations d’implication ukrainienne dans les conflits maliens. Le ministère sénégalais de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur ukrainien à Dakar suite à la publication controversée d’une vidéo sur la page Facebook de l’ambassade ukrainienne. Cette vidéo, qui a depuis été supprimée, montrait un porte-parole des services de renseignement ukrainiens affirmant que son pays avait fourni des informations aux rebelles touaregs du CSP lors des affrontements avec les forces armées maliennes et les instructeurs russes de Wagner.
Le gouvernement sénégalais a fermement condamné cette publication, la qualifiant de « soutien sans équivoque et sans réserve à l’attaque terroriste perpétrée entre le 25 et le 27 juillet 2024 dans le nord du Mali ». Dakar a souligné sa position de « neutralité constructive dans le conflit russo-ukrainien » et a déclaré ne pouvoir tolérer aucune tentative de transférer la propagande médiatique de ce conflit sur son territoire.
La Russie, par le biais de ses médias d’État et de canaux liés au groupe Wagner, a cherché à impliquer l’Occident et l’Ukraine dans les attaques contre ses forces au Mali. Aleksandr Ivanov, directeur de la société Wagner Front, a déclaré à l’agence de presse TASS que l’Occident dirigeait les séparatistes, bien qu’aucune preuve n’ait été fournie pour étayer ces allégations.
L’Ukraine, pour sa part, n’a pas nié son implication. Andriy Yusov, représentant du renseignement de la défense ukrainienne, a affirmé que les forces rebelles maliennes avaient « reçu les informations nécessaires, ce qui a permis une opération militaire réussie contre les criminels de guerre russes ». Cependant, certaines preuves présentées, comme une photo montrant des rebelles touaregs posant avec un drapeau ukrainien, ont été remises en question, des analyses suggérant une possible manipulation numérique.
-S.E-