Protection sociale : plaidoyer pour l’amélioration des conditions de vie des retraités
En Côte d’Ivoire comme partout ailleurs, la retraite qui intervient après une bonne carrière professionnelle, demeure source de préoccupations. Malgré des avancées, des défis énormes restent à être relevés, en matière de protection sociale. Immersion dans l’univers des retraités.
Le nombre des retraités affiliés à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) est estimé à 1.100.000. Cette information, en date du 20 novembre 2022, émane du ministre de l’Emploi et de la protection sociale, Adama Kamara, lors d’un plateau télé sur la première chaîne de la télévision nationale, RTI1. L’ex-agent de sécurité à la Polyclinique internationale sainte Anne-Marie (Pisam), Kanté Boikary, fait partie des pensionnaires de cette institution.
Né le 20 février 1953 à Missamahana, sous-préfecture de Tienko, dans la région du Folon, Kanté Boikary est entré à la Pisam en 1990. A l’instar de bien d’autres retraités du privé, Kanté Boikary vit diverses réalités, depuis son départ à la retraite en 2019, à 66 ans. A Abobo Samaké, il a en charge une famille de huit membres, dont trois de ses enfants et deux petits enfants. Avec une pension de 42 000 F Cfa par mois, le coût de son loyer s’élève à 35 000 F.
A ce stade de sa vie, il n’a qu’un regret, celui de n’avoir pas pu avoir un terrain propre pour construire, pour certaines raisons. « Dans le temps, le directeur de la Cnps d’Abobo m’avait dit de prévoir l’achat d’un terrain, le jour où je percevrais mon rappel. Je pourrais ainsi construire, pour être tranquille, chez moi. Mais malheureusement, je n’ai pas pu avoir mon rappel. Je ne savais pas qu’il fallait constituer le dossier six mois avant le départ à la retraite », déplore M. Kanté.
Parmi les arguments avancés, figurent les démarches liées à la constitution du dossier. « Avant la Pisam, j’ai travaillé à la Société de gestion et de financement de l’habitat (Sogefiha), du 9 septembre 1973 à 1980. Il s’agit de mon premier poste, pour l’entretien des cités, dans les différentes communes d’Abidjan. Après, j’ai été à Blohorn, à la fabrication de savon, de 1982 à 1990. Il m’a fallu donc entreprendre des démarches, dans ces différents secteurs, pour le dossier. Elles se sont déroulées de février à fin 2022 », raconte Kanté Boikary.
Ce père de famille de quatre enfants après le décès de sept autres, doit son salut à l’un de ses fils douanier, qui assure les dépenses, l’aide à payer le loyer. De bonnes volontés, surtout lors des fêtes, le soutiennent par des dons de vivres dont des sacs de riz à la famille.
La situation au niveau des retraités du public
Les problèmes que vivent les adhérents de la Caisse générale des retraités et agents de l’Etat (Cgrae) sont, à un degré moindre, similaires à ceux du privé. Après un certain train de vie, alors en activité avec la totalité du salaire, il est désormais question pour eux de vivre avec leur pension. Alors que la taille de la famille demeure la même.
L’institutrice Touré épouse Traoré a débuté sa carrière en 1982, avant son départ à la retraite en 2011. De son côté, l’enseignante du lycée, Koné Aïssata, a fait valoir ses droits à la retraite en 2022, Elles habitent toutes deux dans la commune d’Abobo. Leurs soucis constants, à cette période de leur existence, concerne le poids des charges de leurs familles respectives.
« En effet, si étant en activité, avec le salaire en entier, nous avions du mal à faire face aux charges de la famille, ce n’est pas maintenant que nous sommes à la retraite que nous allons y arriver », se lamente l’institutrice Touré, mère d’une famille de neuf membres soulignant des difficultés pour se soigner convenablement avec ‘’l’assurance qui ne prend plus en compte le retraité au-delà de 70 ans’’, précise-t-elle.
Points de satisfecit
Les retraités qu’ils soient du privé ou du public, sont unanimes sur un fait : la régularité dans le paiement de leur pension. Contrairement à Kanté Boikary, qui évoque des lourdeurs dans la constitution des dossiers, la situation semble relaxe au niveau des retraités du public. En la matière, « il n’y a pas de difficultés, dans la constitution du dossier. Tous les documents sont généralement mis à la disposition, tant au niveau de la Fonction publique que de la Cgrae », révèle Koné Aïssata.
Plaidoyer pour l’amélioration des conditions de vie
Dans ce monde où le coût de la vie devient de plus en plus élevé, les préoccupations majeures des retraités portent sur la revalorisation de la pension. Cet appel aux décideurs est lancé conjointement par les retraités des deux secteurs.
Entendu qu’à un âge avancé, les problèmes de santé deviennent complexes alors que les moyens financiers se raréfient, les retraités plaident pour une couverture sociale à vie qui leur garantirait une bien meilleure santé.
Dans le cas particulier des retraités du privé, la difficulté majeure à solutionner concerne la lenteur ou la lourdeur rencontrée, lors de la constitution des dossiers pour permettre aux bénéficiaires de toucher leur pension dans de brefs délais.
Sidibé yacouba.