Côte d’Ivoire : des acteurs des médias et de la société civile instruits sur la lutte contre les fake-news

A l’approche des élections municipales et régionales du 2 septembre 2023, le Réseau des Professionnels de la Presse en Ligne de Côte d’Ivoire (Repprelci) affiche son ambition d’aider à la tenue du scrutin dans un climat apaisé. Dans cette logique, il a convié des acteurs des médias et de la société civile à un séminaire de formation, en vue de les sensibiliser sur les fake-news.

Cet atelier de deux jours a eu pour cadre un espace hôtelier de N’gattakro, Bouaké, en face du CAFOP 2. Les réflexions ont porté sur la lutte contre les messages haineux et les fausses informations.

A l’ouverture de l’atelier, les participants ont été sensibilisés sur « Les discours de haine, désinformation et manipulations politiques« . Ils ont été exhortés à demeurer indépendants vis-à-vis des leaders politiques, s’abstenir de relayer, dans leurs productions, les propos haineux, diffamatoires ou porteurs des germes de la division des acteurs politiques.

Le second module, axé sur le cadre juridique de l’utilisation des nouveaux médias, a fait comprendre aux acteurs des médias qu’ils sont aussi justiciables, au même titre que les autres citoyens. Cela, en vertu de la loi N°2013-451 du 19 juin 2013, relative à la lutte contre la cybercriminalité, de la loi N°2017-867 du 27 décembre 2017 portant régime juridique de la presse, modifiée par la loi du 20 décembre 2022.
A cet effet, des consignes leur ont été données. Il s’est agi de la nécessité pour eux d’avoir toujours comme bréviaire les règles de l’éthique et la déontologie, afin de traiter les informations avec professionnalisme. Au besoin, ils pourront saisir la Commission d’Accès à l’Information d’Intérêt public et aux Documents publics (Caidp), 15 jours après, pour une requête restée sans suite auprès d’une institution.

Le deuxième jour du séminaire, avec le troisième module, a été consacré aux stratégies de lutte contre la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux. Dans ce cadre, les participants ont été appelés à faire davantage appel à leur sens critique, avec le souci de la vérification, du croisement des faits. Mais en étant surtout vigilants face à un texte truffé de fautes, des signes révélateurs d’une potentielle fausse publication.

En cas de doute, les astuces données invitent à déterminer l’origine, la source, l’identité de l’auteur, ses motivations. Pour y arriver, il a été question de sélectionner un paragraphe du texte, le copier et lancer une recherche sur « Google news », pour vérifier sa crédibilité.

Dans le cas particulier des images, il a été conseillé de prêter attention aux moindres détails. Le journaliste pourra aussi enregistrer la photo, la télécharger, puis recourir au moteur de recherche comme « Baidu« , « TinEye« , pour faire des comparaisons avec les résultats obtenus. La finalité de cette méthode est de permettre aux acteurs des médias de s’assurer qu’ils ne sont pas en face d’un cas d’intelligence artificielle.

Les différentes communications ont été animées par trois panelistes. Il s’agit du fact-checker à l’Agence France Presse (AFP), Suy Kahofi. Il avait à ses côtés le président du Repprelci, Sermé Lassina, Mohamed Kébé, spécialiste en outils de lutte contre les fausses informations.

Le président du Repprelci, Sermé Lassina, a exposé qu’à l’approche des élections municipales et régionales du 2 septembre 2023, la tenue du séminaire revêt une importance capitale.

Il entend donner aux professionnels des médias, ainsi qu’aux acteurs de la société civile, actifs sur les réseaux sociaux, a-t-il développé, des rudiments nécessaires. Ils pourront ainsi aider à lutter contre les fausses informations, donc contribuer à la tenue du scrutin dans un climat apaisé, a expliqué Sermé Lassina.
Une quarantaine d’acteurs des médias et de la société civile issus d’Abidjan, de Bouaké avec des étudiants en Droit, ainsi que des autres localités environnantes, ont pris part à ce séminaire. La rencontre s’est déroulée du lundi 24 au mardi 25 juillet 2023. Après Bouaké, un autre atelier a eu lieu à Yamoussokro, les 26 et 27 juillet 2023. D’autres sont prévus dans d’autres villes de l’intérieur du pays.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet « Implication des Médias numériques pour une Prévention active des Conflits et Tensions » (projet Impact). Le projet est censé contribuer à la consolidation d’une paix durable en Afrique de l’Ouest. Démarré en mars 2022, il est mis en œuvre en Côte d’Ivoire et en Guinée, à travers cinq associations dont le Repprelci, l’Association des blogueurs de Guinée, Avocats sans frontière France (ASF).
AR