La biodiversité / Dr Koné N’golo:« C’est l’essence de la vie sur terre »

La Côte d’Ivoire abrite le musée de la biodiversité, un projet réalisé de 2000 à 2010. Toutefois, cette structure destinée à promouvoir les résultats des recherches scientifiques des chercheurs africains et du reste du monde demeure peu connue du grand public. A la faveur de la journée découverte initiée par l’ONG Sciences et technologies au féminin, avec comme invitées les élèves du groupe scolaire Madeleine Daniélou, le vendre 10 février 203, nous avons rencontré Dr Koné N’golo. En tant que chercheur, il parle de cet édifice, marquant un arrêt sur les défis.

Bonjour Monsieur ! Pouvez-vous vous présenter à l’état civil ?

Je suis Dr Koné N’golo Abdoulaye, enseignant chercheur à l’université Nanguy Abrogoua et à l’université Félix Houphouët Boigny de Cocody.

Que pouvons-nous retenir de ce musée ?

Cet édifice s’appelle le musée de la biodiversité, qui est une sorte d’exposition. Il est le fruit de la collaboration entre divers pays africains et européens ayant travaillé sur un projet durant plusieurs années, appelé Biota.

Ce projet a été exécuté de 2000 à 2010, en Afrique de l’Ouest, de l’Est, du Nord et du Sud. Ce sont les résultats de ces travaux qui ont été traduits en produits de valorisation, de promotion de la recherche scientifique, appelée exposition.

C’était une exposition itinérante, qui s’est promenée dans différents Etats, notamment d’Europe, de l’Afrique de l’Est, du Sud. Elle a terminé sa course en Côte d’Ivoire, parce que le pays avait présenté le meilleur profil, particulièrement la salle pouvant l’abriter et pérenniser cette exposition.

Pouvez-vous nous dire en substance ce qu’est la biodiversité ?

La biodiversité peut se définir comme la variabilité des formes de vie, allant des gènes aux espèces. Elle s’apprécie en considérant la diversité de ces écosystèmes, dans l’espace et le temps, en fonction des interactions existantes entre eux.

Quelle est la place de ce musée dans la politique de préservation de la biodiversité en Côte d’Ivoire ?

La biodiversité est quelque chose de très important, d’inédit. Mais beaucoup de personnes ignorent ce que c’est. Alors que ce mot est employé matin et soir à la télévision. Cela veut dire tout simplement qu’il y a quelque chose qui ne va pas. En d’autres termes, il n’y a pas un outil de vulgarisation et de promotion de la biodiversité.

La biodiversité est l’essence même de notre vie sur terre. Cette journée est donc la bienvenue, pour permettre surtout aux enfants d’en apprendre davantage, son utilisation, en bien ou en mal. C’est aussi une opportunité pour nous de les instruire sur les moyens ou conditions de sa préservation, les dispositions pour qu’elle puisse mieux nous servir et servir les générations futures.

Parlant des informations à transmettre aux générations futures, sur quoi insistez-vous particulièrement ?

La particularité, c’est de leur montrer d’abord ce qu’est la biodiversité. Ensuite, sa caractérisation, une diversité des écosystèmes, son utilisation, les bénéficies directs et indirects que nous en tirons. A ces points s’ajoutent les menaces qui planent sur la biodiversité, l’impact de l’homme. Mais nous insistons sur les actions que l’homme peut mener pour aider à sa protection, l’aider à s’adapter aux changements climatiques.

Vous avez parlé des bénéfices de la biodiversité. De quoi s’agit-il exactement ?

Les bénéfices de la biodiversité sont divers. Il y a les bénéfices directs et indirects. Les bénéfices directs sont ceux que nous en tirons directement, spécialement la collecte des feuilles des plantes pour des soins ou l’alimentation, la consommation des fruits, l’air que nous respirons, épuré grâce aux plantes. Surtout que près de 80 % de la population africaine se soigne à l’aide des plantes médicinales.

Les bénéfices indirects concernent particulièrement la pollinisation, avec la reproduction sexuée de certaines plantes rendue possible grâce au rôle déterminant des pollinisateurs, dans le transport des pollens. Ces pollinisateurs butinent de fleurs en fleurs, pour assurer les échanges de pollens, de sorte à ce qu’il y ait des fruits, qui sont destinés soit à la consommation, soit à la commercialisation.

Il y a également les chauve-souris qui participent à la dispersion des espèces. D’où leur appellation de jardiniers volants.

Vu l’importance de la biodiversité dans la survie de l’homme, que convient-il de faire, pour sa préservation ?

A ce niveau, il est question de sensibiliser les populations à des actions concrètes, le reboisement, les planting d’arbres, pour aider à reconstituer le couvert végétal. Il est aussi question d’amener toux ceux qui évoluent dans la pharmacopée africaine à une utilisation rationnelle de la biodiversité, des plantes, afin de permettre aux générations futures de les découvrir et pouvoir s’en servir.  

Professeur, notre entretien s’achève. Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux populations ?

D’abord, c’est un message de remerciements vis-à-vis des organisateurs de la journée. Nous faisons allusion à l’ONG sciences et technologies au féminin, pour nous avoir permis de sensibiliser 80 jeunes filles. Ceux-ci voulant aider à la promotion des travaux sur la biodiversité.

Aussi, nous disons que la biodiversité est l’essence de la vie sur terre. Elle mérite d’être préservée, dans le contexte des changements globaux que nous vivons : les changements climatiques, la pollution. Il faut arriver à trouver les moyens nécessaires pour y parvenir, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour les générations à venir.

Dans ce combat, que doit être la contribution de ces jeunes ?

Sait-on jamais. Peut-être que le meilleur chercheur sur la biodiversité proviendra de cette équipe. Ces genres de visites peuvent susciter des vocations chez les jeunes. Certaines d’entre elles, au vu de tout ce qui leur a été montré, peuvent décider d’embrasser ces filières. Et c’est certainement l’une d’entre elles qui va trouver la méthode appropriée pour sauver les forêts, faire la culture du cacao sans toutefois détruire la forêt.

Voilà pourquoi nous sommes toujours heureux d’accueillir les initiatives de ce genre. Cela nous donne l’occasion de leur transmettre le savoir, faire naitre des vocations. Nous essayons surtout de susciter chez ces personnes l’envie de suivre les mêmes trajectoires que nous, pour des solutions pouvant aider à améliorer les conditions de vie des populations tant africaines que du reste du monde.

 Propos recueillis par Aman Roger

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