Accusé de détournement, le DG de l’OCPV brise le silence et livre sa version des faits

Accusé d’un prétendu détournement de 736 millions de francs CFA, le Directeur général de l’Office d’Aide à la Commercialisation des Produits Vivriers (OCPV), M. Gnenye Adou Bernard, a tenu à réagir pour rétablir les faits. Dans un entretien exclusif accordé à Nasopresse.com, il a apporté des précisions détaillées sur cette affaire, qu’il qualifie de « campagne de déstabilisation » orchestrée par un syndicat en désaccord avec sa politique de rigueur.
Tout est parti d’une publication du média en ligne Infoexpress.com, datée du 2 octobre 2025. L’article relayait des correspondances du Syndicat national des agents de l’OCPV (SYNA-OCPV), adressées au Premier ministre Beugré Mambé. Dans ces courriers, le syndicat évoquait plusieurs mouvements de fonds supposément irréguliers, dont des versements de 183 millions FCFA et 243 millions FCFA sur le compte de la Mutuelle des fonctionnaires et agents de l’OCPV (MUFA-OCPV), ainsi qu’un différend portant sur des accessoires de salaires estimés à 310 millions FCFA. Au total, ce sont 736 millions FCFA qui seraient, selon le syndicat, concernés par des soupçons de mauvaise gestion. Des accusations que le Directeur général juge « sans fondement ni base légale ».
Face à ces allégations, M. Adou Bernard a fermement démenti tout détournement. « Il ne s’agit nullement de fonds détournés, mais de reliquats de gestion provenant des primes d’incitation au mérite. Ces montants ont été reversés à la mutuelle des agents pour financer un projet immobilier, dans la plus grande transparence », a-t-il expliqué.
Le Directeur général affirme que le montant total effectivement versé depuis 2022 s’élève à 267,8 millions FCFA, loin des 736 millions évoqués. Il précise en outre ne pas être signataire du compte de la mutuelle, et soutient que les versements ont été effectués de manière progressive, dans le cadre de la gestion normale des reliquats budgétaires.
Le cœur du désaccord entre la direction et le syndicat réside dans la réforme du système de primes mises en place à l’OCPV. M. Bernard explique avoir instauré une prime d’incitation à la performance, destinée à récompenser les agents les plus assidus et productifs.
« Nous avons voulu rompre avec la culture du laisser-aller. Désormais, la prime dépend du mérite, de la ponctualité et de la contribution réelle de chacun à la performance de l’institution », souligne-t-il.
Le syndicat, de son côté, estime que l’arrêté interministériel du 23 juin 2020 ne prévoit pas de telles conditions et que les primes devraient être versées à tous sans distinction. Saisi du dossier, le Conseil d’État a toutefois rejeté la requête du syndicat, validant implicitement la position de la direction générale.
Le Directeur général évoque également une alliance entre le syndicat et l’ex-présidente de la mutuelle, écartée pour insubordination.« Elle a refusé d’appliquer certaines procédures internes et s’est ensuite rapprochée du syndicat dans une logique de règlement de comptes », explique-t-il.
Selon lui, cette même ex-présidente aurait été remplacée conformément aux textes, et son époux, ancien chef d’antenne a été contraint de rembourser 700 000 FCFA indûment perçus.
Concernant le cas du défunt agent Yao Kouassi, évoqué par le syndicat, M. Bernard assure qu’il n’a jamais été privé de son salaire, mais que sa prime d’incitation avait été suspendue temporairement pour raison administrative.
Face aux accusations de mauvaise gouvernance, M. Adou Bernard dit assumer pleinement sa politique de rigueur et d’excellence administrative. Sous sa direction, les ressources propres de l’OCPV seraient passées de 39 millions à 240 millions FCFA, grâce à une gestion rationalisée et à la lutte contre l’absentéisme.
Concernant l’allégation d’arrogance, il nie avoir prétendu avoir des « réseaux ». Il a simplement conseillé au syndicat de s’adresser à sa hiérarchie directe, le Ministre du Commerce, qui est la seule autorité pouvant lui ordonner de modifier sa politique sur les primes.
Interrogé sur le « Limogeage » de collaborateurs, Le Dg de l’OCPV a précisé qu’il ne s’agit pas de licenciements mais de ‘’réaffectations’’ de personnel occupant des postes sensibles (ex: Ressources Humaines) et suspectés d’avoir fait fuiter des documents confidentiels.
Pour lutter contre le laxisme, M Gnenye Adou a mis en place des outils pour contrôler la présence, comme un ‘’pointeur digital’’, auquel le syndicat s’est également opposé.
« Ces attaques ne me détourneront pas de l’essentiel : instaurer une culture de performance et d’intégrité au sein de l’OCPV. Je reste ouvert à toute vérification, car ma gestion est transparente et traçable », a déclaré le Directeur général.
Le Directeur Général Adou Bernard rassure sur l’intégrité de sa gestion. Il maintient que les accusations sont infondées et motivées par des intérêts personnels de la part d’agents sanctionnés pour absentéisme ou insubordination. Il se déclare serein et déterminé à poursuivre ses réformes visant à promouvoir l’excellence et la performance au sein de l’OCPV. Il n’y a pas d’action spécifique annoncée, l’objectif étant de clarifier la situation publiquement.
Moussa Camara
Nasopresse.com