Charnier d’Izioum : la présidence de l’UE réclame la création d’un tribunal international spécial

Ukrainian investigators work at a mass grave site in a pine forest near Izium, a city recently liberated from Russian control, on Friday, Sept. 16, 2022. Officials invited journalists to witness exhumations at the site of around 445 individual graves and one mass grave for Ukrainian soldiers. “The whole world should see this place,” said Dmytro Lubinets, the Ukrainian Parliament’s commissioner for human rights. (Nicole Tung/The New York Times)

Après la découverte par l’armée ukrainienne de centaines tombes de civils à Izioum, dans l’est de l’Ukraine, la République tchèque, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne (UE), a réclamé samedi la création d’un tribunal international spécial.

“Des rangées et des rangées de tombes, marquées par de simples croix de bois. Des noms ont été écrits sur quelques-unes, mais la plupart d’entre elles ne comportent qu’un numéro”, raconte l’envoyée spéciale de la BBC à Izioum, une petite ville de la région de Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, tout juste libérée de l’occupation russe.

Quelque 450 dépouilles ont déjà été découvertes, faisant craindre un nouveau massacre de civils ukrainiens par les forces russes. “L’Ukraine est bien décidée à montrer au monde ce spectacle choquant” et “des convois entiers de journalistes internationaux” ont été conduits sur les lieux pour assister aux exhumations, précise la radiotélévision britannique.

Le correspondant du Guardian a ainsi pu parler au procureur adjoint de la région de Kharkiv, Roman Kasianenko, qui a confirmé avoir découvert “des signes de torture” sur certains cadavres. “Nous avons trouvé des individus avec les mains liées et des membres brisés”, a-t-il déclaré, soulignant néanmoins qu’il était “trop tôt pour déterminer s’il s’agit d’un nouveau Boutcha” – cette banlieue de Kiev où des civils avaient été sommairement exécutés par les forces russes, avant leur retrait début avril.

“Partout où l’occupant russe pose le pied, il laisse dans son sillage désastre et atrocités, commet des crimes de guerre, terrifie et terrorise des populations pacifiques”, a déclaré à Fox News Yuri Sak, conseiller du ministre ukrainien de la Défense, commentant les images d’Izioum.

Indignation occidentale

Dans son allocution télévisée quotidienne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a précisé vendredi que “des enfants, tués par des attaques de missiles, et des soldats ukrainiens” faisaient aussi partie des cadavres exhumés à Izioum, rapporte The Kyiv Independent. Il a également révélé les Russes avaient créé au moins “dix chambres de torture” à Kharkiv durant l’occupation de la région.

La macabre découverte a suscité l’indignation des Occidentaux, souligne Radio Free Europe-Radio Liberty (RFE-RL) : la République tchèque, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne (UE), a réclamé samedi “la création d’un tribunal international spécial pour les crimes de guerre” commis en Ukraine.

“La Russie laisse derrière elle un charnier de centaines de personnes abattues et torturées dans la région d’Izioum”, a écrit sur Twitter le ministre tchèque des Affaires étrangères.

“Au XXIe siècle, de telles attaques conte la population civile sont impensables et odieuses. Nous ne pouvons pas fermer les yeux”.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, cité par Politico, s’est quant à lui déclaré “profondément choqué” par la découverte du charnier d’Izioum. “La Russie, ses dirigeants et toutes les personnes impliquées dans les violations en cours du droit international et des lois humanitaires en Ukraine devront rendre des comptes”, a-t-il averti, alors que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a annoncé qu’il enverrait une mission à Izioum.

Enquêtes ukrainiennes

Mais comme le remarque El País, les autorités ukrainiennes sont déjà à pied d’œuvre pour enquêter sur les “possibles crimes de guerre” perpétrés dans les zones libérées de l’occupation russe. Le quotidien a constaté que “dans les villes reconquises, des forces de la police, du ministère de l’Intérieur et du parquet général ont été déployées pour recueillir toutes les informations nécessaires afin d’établir les responsabilités”.

Dans un éditorial, le Washington Post appelle lui aussi à ne pas fermer les yeux sur les crimes de guerre présumés :

“Dans les semaines à venir, le monde va découvrir ce qu’ont enduré les Ukrainiens dans la région de Kharkiv.”

“Il faut une enquête urgente et approfondie sur les crimes de guerre présumés contre des civils, suivie par des efforts sincères pour juger les auteurs et leur faire rendre des comptes”, poursuit le titre. Échouer à punir ces crimes “représenterait une grave injustice pour les victimes et les survivants”, et conforterait l’idée “inacceptable” que le président russe et ses troupes “peuvent commettre des atrocités en toute impunité”.

Avec NDC

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *