Moussa Kouda, entre passion et business pour l’agro-alimentaire

Du haut de ses 48 ans, Moussa Kouda est propriétaire d’un terrain de 71 hectares dans le village d’Aboutou, dans les encablures d’Adiaké, au Sud de la Côte d’Ivoire. Sa passion pour l’agriculture l’a poussé à mettre au second plan ses activités dans le domaine de la sécurité, et à se consacrer entièrement à l’agro-alimentaire.

Issu d’une famille modeste avec un père agriculteur et une mère ménagère, Moussa Kouda est un autodidacte. Après avoir arrêté les études en classes primaires, sa vie n’est pas le fait d’un hasard. Les voyages à travers plusieurs pays de l’Asie, de l’Amérique et de l’Europe lui ont beaucoup appris sur l’entrepreneuriat. Il met ses compétences au service du pays qui l’a vu grandir. Détermination, passion et rigueur sont ses maitre-mots.

Un domaine où tout se transforme

Avec un domaine de 71 hectares, plusieurs spéculations sont produites à l’intérieur avec un dynamisme important. Une plantation de coco, de petit cola, du manioc, une usine de production d’huile de coco, des fruits, élevage de canard, pintades et poulet.  Il veut créer de la richesse sans vendre un iota de cette terre qu’a laissé son père. Aucun produit chimique n’est utilisé pour le nettoyage, l’homme n’a pas hésité un instant à nous partager son secret.

« Des canards qui nous servent d’outils de nettoyage, en même temps qu’il nous donne des œufs, ils nous procurent de la viande et de l’engrais et par derrière nous passons pour planter le potager. Puisque la plantation est grande, on leur donne encore une zone de pâturage. On évite vraiment d’utiliser tout ce qui est chimique », explique-t-il.

Une journée de travail pour lui commence à partir de 4heures du matin. L’heure à laquelle, il s’occupe de son véhicule, prépare ses rendez-vous, descend son épouse à son travail, fait des réunions à Abidjan, et puis prend la route pour Aboutou quand il le faut. « J’arrive à me dégager du temps dans mes activités, ce n’est pas très évident mais comme je le dis toujours il y a des contraintes », rassure-t-il avec un sourire.

Depuis un an et demi qu’ils sont en Côte d’Ivoire, lui et son épouse, ce père de deux filles essaie de se consacrer entièrement à l’agro-alimentaire, un domaine florissant mais rempli d’embûches.

Ambition : leader de la production de canard en Côte d’Ivoire

De toutes son envie d’entreprendre, Mousa Kouda a un seul but : être leader en Côte d’Ivoire dans la production de Canards et de pintade. Pourquoi ? « C’est plus rustique par rapport au poulet, ça ne tombe pas malade et ça se reproduit assez rapidement. Bien sûr que ça mange mais ça ne consomme pas trop de produits chimiques », a-t-il répondu rappelant l’utilisation des feuilles de moringa et de bambou comme remède traditionnel pour la santé de ses bêtes.

Avec 4.000 têtes qu’il a dans sa bassecour, il compte encore augmenter, afin de pas être en rupture. Par ailleurs, il veut redorer l’image que la croyance populaire a sur les canards, créer une habitude alimentaire dans la cuisine ivoirienne. Les habitudes des populations étant changeantes, l’homme espère proposer de la diversité en termes de choix de volaille.

« On veut faire de la reproduction sur place, nous avons des couveuses de capacité de 50.000 œufs.  Dans le mois on espère avoir 50.000 œufs qu’on éclot pour continuer à pouvoir approvisionner le marché local et en même temps avoir la viande, les poussins et les œufs », explique-t-il avec enthousiasme précisant que la vente est prévue pour le mois d’avril.

Résoudre le problème de cantine par les solutions adéquates

En plus d’être businessman, Moussa Kouda est un philanthrope. Il manifeste cela à travers la création de potager dans les écoles, afin de résoudre les questions de cantines en milieu rural. Au Burkina Faso, au Mali et au Niger où il est passé, cet homme a laissé une touche originale à travers des formations à l’agriculture aux enfants. Son projet « Afrique Action commune » a permis aux enfants de trouver des solutions. « C’était pour enseigner aux enfants la capacité qui est en eux qu’ils n’ont pas encore découvert. Les enfants savent qu’ils sont capables de faire des choses. Au lieu de tendre la main, eux même ils produisent »

Ce projet qui a réussi dans certains pays du Sahel, se verra expérimenter en Côte d’Ivoire. En effet c’est à Mabiahena, à 9km d’Assinie qu’une école sera la première à bénéficier de cette offre. Parmi les 266 élèves de cette école, plusieurs ont des difficultés pour se nourrir entre midi et deux., sachant que la majorité résident derrière la lagune.

« La situation de la faim est là, mais on peut profiter de cette situation pour apporter des solutions et éduquer en même temps les enfants. En les éduquant, on les initie à la production, apprentissage à la prise en charge, à trouver des solutions à de problèmes, cela n’empêche pas que l’aide extérieur vienne. Mais à partir du moment où l’enfant dans son plus jeune âge commence à découvrir ses capacités à trouver des solutions à renverser la tendance je pense que c’est une bonne chose », explique-t-il.

« On est en train d’initier quelque chose de nouveau en Côte d’Ivoire. Des choses que des adultes n’ont jamais vu et peut être les enfants pourront voir », dit-il avec beaucoup d’envie de répondre aux besoins de ces enfants malgré les difficultés de terre (les terres sont assez sablonneuses). Pour la faisabilité, Moussa Kouda pense qu’il faut inclure tous les acteurs (enseignant, élèves et parents d’élèves) pour la réussite de ce projet.

Pour lui, il faut savoir donner aussi ce qu’on reçoit. Et la Côte d’Ivoire demeure ce pays qui lui a tout donné.

Sandra KOHET


 

 

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