Mort de Nahel à Nanterre : passager en fuite, « coups de crosse », témoignages sur les réseaux sociaux… ces zones d’ombre qui demeurent

Le drame qui a coûté mardi 28 juin au matin la vie à Nahel, jeune habitant de Nanterre âgé de 17 ans, continue de susciter l’indignation mais pose encore de nombreuses questions. La Dépêche du Midi s’est penchée sur les zones d’ombre autour de cette affaire.

Trois hommes étaient présents à bord de la voiture arrêtée par les forces de l’ordre mardi matin : le conducteur, Nahel, est l’adolescent mortellement touché. Le deuxième, qui se tenait à l’arrière du véhicule, a été arrêté, et sa garde à vue a été levée. Mais le troisième, comme l’a redit ce jeudi  le procureur de la République de Nanterre Pascal Prache, a « pris la fuite » et est toujours recherché par les forces de l’ordre.

Si l’on sait justement peu de choses de ce troisième passager, un témoignage lui étant attribué  non authentifié, circule très largement sur les réseaux sociaux. Le jeune homme y livrerait sa version des faits. « On a fait un refus d’obtempérer, c’est vrai, mais on s’est arrêtés », se défend-il.

« On a essayé de fermer la fenêtre pour qu’ils ne nous tapent pas. J’ai réussi à fermer les trois fenêtres, les deux de derrière et la mienne, côté passager. Naël (sic) a essayé de fermer sa fenêtre. Le motard a mis sa main sur la fenêtre et l’a redescendue avant de lui mettre quatre coups de crosse dans la tête. Sa tête a tourné sans faire exprès », décrit encore le jeune homme, dont le témoignage a notamment été relayé par le rappeur Rohff.

« La voiture avait déjà démarré et la vitesse était déjà enclenchée quand il s’est fait taper par la police. Il a alors lâché le frein et la voiture a avancé. Du coup, le policier a tiré. Il (Nahel) a réussi à rester conscient encore trois secondes, à klaxonner pour avertir les voitures. Son pied était sur l’accélérateur. J’ai vu qu’on allait droit dans le mur. Je l’ai regardé. Tout à coup, il s’est mis à trembler. J’ai essayé de le réveiller pour partir mais il ne parlait pas. Il ne bougeait pas. Et j’ai couru », relate encore le troisième passager.

C’est probablement la question centrale du drame : l’agent de police qui a ouvert le feu sur l’adolescent était-il en danger de mort, comme l’affirment notamment plusieurs syndicats de police ? Le mis en cause a expliqué son geste par « la volonté d’éviter une nouvelle fuite », par « la dangerosité de la conduite du conducteur » et par « la crainte d’être percuté dans le mouvement de la voiture ». Les deux agents disent s’être sentis « menacés à cause de la proximité du mur ».

Mais les vidéos et extraits diffusés sur les réseaux sociaux mettent à mal la version des forces de l’ordre : sur les images, on peut voir l’agent tenant le jeune conducteur en joue, avant de tirer à bout portant quand la voiture redémarre en trombe, sans tenter de le percuter. C’est probablement la raison pour laquelle les pouvoirs publics, à commencer par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, ont estimé qu' »en aucun cas, un geste comme celui que l’on a vu, si jamais l’enquête devait confirmer les vidéos, ne se justifie ». Le procureur de la République de Nanterre, ce jeudi, a déclaré de son côté que « les conditions légales d’usage de l’arme ne sont pas réunies »

Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, a été interrogé par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre d’une enquête pour homicide volontaire ouverte par le parquet de Nanterre. Sa mise en examen a été prononcée ce jeudi.

nk

Source: Ladepeche.fr

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