L’ONU achète un immense navire-citerne pour éviter une marée noire en mer Rouge

L’achat d’un navire, annoncé jeudi, doit permettre de sécuriser la cargaison d’un pétrolier mouillé depuis des années au large du Yémen, qui menace de sombrer et d’entraîner une catastrophe écologique.

L’ONU a annoncé jeudi l’achat d’un immense navire-citerne destiné à accueillir la cargaison d’un pétrolier abandonné au large du Yémen en guerre, et éviter ainsi une marée noire catastrophique en mer Rouge.

L’achat de ce supertanker, dans lequel devront être transvasés l’équivalent d’un peu plus d’un million de barils du pétrolier FSO Safer, a été négocié par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). S’exprimant au siège de l’ONU à New York, Achim Steiner, administrateur du PNUD, a évoqué «une percée majeure». Le temps presse car le FSO Safer, ancré au large du port stratégique de Hodeida, dans l’ouest du Yémen, risque à tout moment de se briser, d’exploser ou de prendre feu, selon des experts.

Franchement, notre seule option était d’acheter un navire

Vieux d’environ 45 ans, le pétrolier, qui sert de terminal flottant de stockage et de déchargement, n’a pas été entretenu depuis 2015 alors que le Yémen est plongé dans l’une des pires crises humanitaires au monde en raison de la guerre qui oppose le pouvoir aux rebelles Houthis.

Le coût de l’opération est estimé à 129 millions de dollars,

Le nouveau superpétrolier, acheté auprès de la compagnie de transport maritime Euronav, pourrait arriver début mai sur place et commencer les opérations de pompage. Il se trouve actuellement en Chine, où il fait l’objet d’opérations de maintenance. «Franchement, notre seule option était d’acheter un navire», a confié depuis Aden par vidéoconférence David Gressly, coordinateur onusien de l’aide humanitaire au Yémen. L’acquisition d’un tel bâtiment est une action très inhabituelle pour les Nations unies.

L’ONU estime que cette opération coûtera 129 millions de dollars, mais la campagne de collecte de fonds pour financer le plan de sauvetage n’a rassemblé pour l’instant que 75 millions, et 20 autres millions ont été promis. S’il manque de l’argent, l’opération pourrait être suspendue, préviennent les Nations unies.

Les Etats-Unis, contributeurs à hauteur de 10 millions, ont salué l’annonce de jeudi et appellent les autres pays à boucler le tour de table «afin que l’ONU puisse mener à terme cette opération d’urgence le plus rapidement possible», selon les propos du porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.

Quatre fois plus de pétrole que l’Exxon Valdez

A l’opposé, une marée noire éventuelle pourrait être la cinquième plus grave provoquée par un tanker, avait affirmé l’ONU, estimant que «les opérations de nettoyage seules coûteraient 20 milliards de dollars». Le plan d’action décidé «écartera le risque d’un désastre environnemental et humanitaire à grande échelle», a assuré jeudi Achim Steiner.

Selon l’ONU, le Safer contient quatre fois la quantité de pétrole de l’Exxon Valdez, le pétrolier qui a provoqué en 1989 l’une des plus grandes catastrophes environnementales de l’histoire des Etats-Unis.

L’ONG environnementale Greenpeace avait d’ailleurs appelé l’an dernier les pays arabes à agir «avant qu’il ne soit trop tard». D’après elle, le pétrolier menace non seulement «la population du Yémen et des pays voisins» mais aussi «les écosystèmes fragiles de la région, notamment la biodiversité unique de la mer Rouge.

CP-NDC

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